Dernière édition par Pan le Ven 29 Déc 2023 - 16:18, édité 6 fois
Pan
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Sujet: Re: Quand on parle on s'écoute Mer 27 Déc 2023 - 13:17
Lézarde
Feat Sol 22/03/23
Serpenter Long des collines contre ta peau sillons, secs et sifflants, sans sens ni amertume La lézarde celle qui creuse celle qu’on voit pas, je la regarde pourtant La lézarde, elle glisse entre les frondaisons Sumac, aulne, orties J’avance, et le soleil pique, assèche Les tâches sur nos cœurs et nos visages qui brûlent, qui Lézardent. Et dans les eaux sombres, la lézarde Ce reptile qui plonge Il ne respire pas, l’onde autour de lui éponge ses bruits et ses odeurs. Si il lézarde, c’est au soleil, sans abris et sans pensées La simple lueur qui éclate au sommet des collines, le long de sentiers, lui suffit. Oui, il suffit. Le lézard n’a besoin que d’écailles, de ces croûtes entre les sillons de sa peau. Texture grainée, grisâtre, glacée. Il n’y avait que l’astre pour la pénétrer, en lances, en frondes. Elles fondent, elles éclairent ta pupille aussi fine que les lames qui t’effraient.
Tu as peur ? Tu as peur lézard ? Toi qui passe ton temps à te cacher. Fuite, fuite dans les rochers, dans les roseaux, dans l’eau. Les eaux noires, douces, un berceau loin du soleil. Il te fait peur, le soleil ?
Si tu paresses, la mélasse de tes marais a depuis longtemps brûlé tes sorties. Plus d’échappatoire, lézard, assez de prélasse. Dans tes larges feuilles, fines, douces. Si elles se frottent à tes écailles, elles en perdent leurs mots. Et ta bouche lézard, ta bouche de lézard. Reptile affable, tu ne retiens rien ! Rien du tout. Tes petites dents percent tout. Elles écoulent leur poison, il dégouline le long des reflets, le long des ondes. Tu peux pleurer Lézard, tes éclats d’âmes ne changent rien à la lézarde. Cette fissure. Cette énorme fissure. Tu l’as ouverte, béante, tu l’as déchiré en te débattant dans ces eaux noires.
Essayer de rejoindre le soleil, étendre tes griffes, ouvrir cette grande toile qui t’enveloppe. Comme les feuilles. Les feuilles d’Aulnes. Reviens, reviens lézard. Reviens à ta prélasse. Tu y tiens non ? Tu y tiens à cette paresse. Elle est réconfortante. Elle est douce cette obscurité. Froide, mais tu y respires, tu y bat.
Elle est en toi Lézard. La blessure. Arrête de l’ouvrir. Arrête de l’ouvrir. Tu te crois tout permis ? La lézarde n’est pas à toi. Elle n’est pas au soleil. Elle n’est pas à l’ombre. Lézard, foutu reptile, foutu foutu serpent, tu siffles, tu clenches, tu racles le fond des eaux. Mais la fissure, la lézarde, elle s’est perdue tout là-bas. Loin derrière le rideau. Et ton cœur aussi.
Sous l’épaisse couche, sous les amas millénaires. Il n’y a plus rien pour découvrir la fissure.
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Entaille sèche à fleur de paume à creuser là respirer fauve ça fait des amours mortes et des ruelles aussi À parcourir les angles dans les canaux taris
Il y a des fêlures dans les creux aux miroirs, de écorchures tombées à faire ses éclats d'âmes
Et du lichen poindre sur les pans de crépis, un épiderme moite effrité de partout
Et puis comme il fait chaud Perdu à l'intérieur Caresser les entrailles De ruines qui deviennent
Ça fait de jolis chants Ça fait des résonances Des échos auquel les fantômes eux mêmes N'attendent pas de réponses
Cela ne sert à rien
Comme un corps aux blessures trop nombreuses à compter Cristalliser un temps A plus jamais passer Des lézardes en trophées Cueillir du soleil Sur son dos écaillé Cette chair qui pèle
Il n'y a rien qu'en dessous Des pierres étrangement molles Tout y est poreux Et moi je ne sais plus le lire
Il y a des serpents à cracher des sornettes
Cacher dans les muret Leurs corps indélicats Leurs corps de chasseur Qui se pâme Ici bas En excès de lumière
Faire des ombres grandes Sous leurs ventres trop lisses Ça fait des rigoles noires Tout au fond de rue Des sillons tellement troubles Qu'on ne les entend plus
Et sur leur chemin tendre Plus que de la poussière
Entailler faire des creux des creux tellement profond qu'on a plus pu les lire Des entailles grand que personne au hasard n'aurait pu y entrer
Il n'y a pas de porte Il n'y a pas de porte Il n'y a pas de morte Pas de sorte non plus Et puis on fait avec Il n’y a que cela à crier tout au fond des barils secoué secoués Pourquoi ça geint si fort que je ne peux plus voir?
À faire cramer le monde en deçà de nos cheville Il y avait des bracelets Jusqu'à ce qu'il n'y en ait plus C'est cela le plus drôle
Se faire abandonner De ce qui était cher Et était attaché Attaché en étoiles De fils tellement liés Qu'il aurait bien fallu ne jamais s'en défaire
Mais cela s'est rompu Comme le trou sur le mur J'y ai mis des agrafes Pour faire croire au soutien Mais ça n'existe pas Les failles y seront seules et comblées par la mousse Un peu de succulentes Et des phrases qui en veulent Rien que pour faire joli Combler sans rien comprendre
Dernière édition par Pan le Mer 27 Déc 2023 - 17:06, édité 2 fois
Pan
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Sujet: Re: Quand on parle on s'écoute Mer 27 Déc 2023 - 16:58
Fine
Feat Sol24/03/2023
Funembule funembluse sur son fil étriqué, fait de grandes enjambées rejoindre l'autre bout
Ses pieds à se couper sur la ligne imaginaire et sans rien pour retenir au dessous, pas de rets inventés à accueillir un corps
Passer tout seul jusqu'à l'autre rive Prend loin large À suivre sa corde Corde à bout de pages A cordes rompus À bas le corps
Tellement morcelé
Silhouette volubile contre un trait qui s'émeut, se plie se ploie s'affaisse s'affine déploie ses fils en toiles creuse
Y piéger mille proie pour jamais s'en repaître Il est devenu aveugle N'a plus trouvé chemin Peut plus lire la boussole Vissée dans sa crevasse
Il n'a plus de bâton faire pencher sa dépouille, équilibre précaire tellement réconfortant
Le bout est tellement loin sur ce fil au rasoir Et le sol si profond qu'on a plus pu le voir
Même les lumières du cirques ne l'atteignent plus
Ça fait quoi de déchoir Tomber en haut du bas Tomber dans tous les sens Une chute éternelle Sans terrier ni lapin
Tarir les regard Ternir tout ce qui geint
Plus besoin de prétendre un monde à sa fenêtre Le porche est affaissé
On pourrait y courir, valser sur la ligne tendre À faire vibrer ses cordes écrire symphonie Mais il y fait si froid que ses pieds ont figé Là tout en haut sur le plafond du ciel Il y a bien frémi et tout s'est arrêté Le temps n'a plus cherché à faire battre son rythme A tout abandonné
Funambule désertion Coupe tout sur le fil
C'est cela qui ruisselle sur la ligne tendue Des éclats de colère glisse tour contre lui
Ça ne fait pas de bruit quand elles sont descendues
Seulement un peu de rouge resté là au gradin
Mais c'est tellement étrange comme il n'y a pas de fin Une route qui jamais n'a bien voulu se tendre Pourquoi tellement de rires en échos sur les toiles tissées tout là autour? Se faire pousser des jambes et parcourir plus vite Se laisser balancer sur une corde souple, dessiner son parcours en grandes épitaphes Des gestes qu'on ferait amples à briser les carcasses
Funembule funoncule absurdes chorégraphies perchées là en hauteurs, caresser les ramures des arbres qui ne font même plus d'ombres tant leur tronc est épais et leurs branches sont moites
Ça fait quoi ce silence Devenu si épais qu'il en est étouffant Devenu tellement dense qu'il n'a plus de souverain A perdu sa couronne Il est bien là tout seul Plus de cour à charmer De sujets à défier
Régner là tout autour dans un cri tellement sourd Qu'il pourrait éclater
Ça ferait des fragments à s'éclater partout Brisés écorchés empêtrés dans la soie Des grandes araignées Dont les longues pattes usées sont criblées de cristal
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Finaliser mon attention, j’éparpille sans fil ce que je croyais être bon. Fine s'effiloche dans son labyrinthe, la pudeur de ses vêtements ne contiennent plus son passage Comme il se fait étroit Comme elle doit se contorsionner
Entre les parois froides et confinées, un épiderme encore brûlant ça ne demande qu'à franchir les barrières
ces murs immenses dressés pour faire peur ces feux qui bouffent les torches restées aux murs
Elle reste la pour entretenir la flamme glisser son doigt dans ce petit interstice
Ils s’élèvent en barrière tout autour d’elle et il n’y avait plus de chaleur, rien que le froid Filiforme, corps doux qui déplore, une vapeur qu’on ne demandait plus qu'à conquérir Svelte et mince, elle aurait été maline de continuer son chemin
Je crois qu’elle s’était perdue Et son fil aussi
Elle avait beau chercher les étoiles qui trouent l’obscurité Ou ces flammes pendues au mur.
Elles lèchent, elles prennent tout Tout l’espace.
Mais Fine se doit d’avancer Tout en silence, petits pas contre l’humide, contre les friches piquées de ces éclats jaunâtre
Si elle les ramasse Fine Elle doit prendre garde à ne pas les perdre Comme son fil
Et la bête gronde Les recoins obscurs des murs des dédales qui ne laissent qu’entrevoir un ciel inerte La bête Gronde Gronde !
Elle doit la jouer fine Avancer prudemment Son souffle est bruyant alors ses dents viennent mordre ses doigts Fins
Comme tout ça semble infini Comme tout ça semble futile
Et elle approche La bête gronde
Rien en elle n’est discret Son odeur Poil putride, éparse Elle inonde tout Elle avale les flammes dévore les étoiles Et toi aussi, Fine.
Fine éclate, fine pleure, fine s’enfuie. Où courir ? Un mur, des interstices, glisser les mains, frapper des pieds
Il n’y a qu’à ses dents que brille les astres Il n’y a qu’à ses pas qu’on l’entend Qu’à ses naseaux qui exhalent tout ce qu’il y a de plus mauvais
Fine n’est pas comme ça Fine aime courir Loin, vite, légère Elle la joue comme ça
L'échappée semble si simple dans ce labyrinthe. L’issue de Fine comme tout son interstice, Facile à trouver. Impossible de s’y glisser.
C’est la peur qui l’en empêche, Plus que la bête.
C’est l’obscurité qui l’avale
Fine a perdu ses flammes a perdue ses traces Et son fil aussi
Rattrape, rattrape le dans le dédale Tire le plus fort pour qu’il ne t’échappe.
De l’autre côté du mur, il y a Quelqu’un qui le tire
Dernière édition par Pan le Mer 27 Déc 2023 - 17:32, édité 1 fois
Pan
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Sujet: Re: Quand on parle on s'écoute Mer 27 Déc 2023 - 17:21
Brouillard
Feat Sol 26/03/2023
Brouille mes pas comme mon chemin Avancer avancer sans savoir trop où aller Si l’on chuchote à mon oreille c’est à n’y rien comprendre Les mots s’accrochent à mes lèvres Se déversent sur ma peau De l’eau sur l’épiderme et du froid dans l’humide
Obscur, pins et cyprès, sifflent serpents Il n’y a pas de menace, il n’y a pas la Peur. J’écorche et je gratte, je rampe et je noie, je hurle et j’éclate
C’est épais, ça racle ça veut sortir et ça colle, comme les membres sont lourds et je me traîne
Je ne crois pas que je suis perdu mais en déroute Sur ma boussole s’amoncelle buée et gouttes et ces aiguilles !
Et s' il m’attendait, là, entre les arbres. Il y a des choses que je ne peux pas voir Silhouettes dessinées, empreintes crasses dans un paysage pâle et Désincarné
Sur mes yeux il y a pellicule écaille épaisse à peine translucide Si je tire, j’écarte, elle s’enfonce un peu plus Si je tends les mains pour éclairer mon passage, j’y trouve que le froid Et ça respire autour.
ça s’insinue dans mes oreilles et dans ma bouche ça engourdit mes sens
Je perds pieds et je m’enfonce, un peu plus loin, juste un peu plus loin
Soudain, ça m’étouffe ça m’attaque Je tente d’inspirer, mais rien, mes côtes se soulèvent comme une coque creuse Vide de moi De mes os trop denses De mon cœur trop puissant Et ce visage peau pâle immobile tendue à ses extrêmes
C’est fragile, du moins, c’est ce que je crois Froid au toucher Texture molle Je suis sortie, je suis sortie loin C’est trop épais !
J’essaye de nouveau Les lames fines, allongées, s’étirent et s’étirent Elles tentent leur percées Réseau lenticulaire Et ça fait du vent, à percer, des cordes rapiécées A entretenir, à tirer
ça continue de parler, chuchote, rivière trop bruyante, illusion d’un homme que je cherche à comprendre, d’un spectre des eaux qui y plongent pour ne pas reparaître. Gratter la pellicule
Dans les forêts, dans les cyprès Un peu d’oxygène Et de mousse pour nous orner Nos corps trop pâles, désincarnés
L’autour est plein, dedans est vide vide vide J’essaye de l’emplir d’air
Mais il ne reste que le brouillard Pour me percevoir
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Ça fait du vent dans les muraille ça fait silence ça fait si froid Ça fait figé le temps sans place Ça fait du monde dans la poitrine ça fait de la fumée de partout Ça fait brûler dans les entrailles Déversées dépensées défoncées à ciel ouvert
Dépêchés dans la mèche qui crame brûle éclate La chair de partout expulsée Je te hais d'avoir mis tout ce fiel dans les brèches de mon corps
Brouillard blizzard qui cultive la crève partout
Ça fige ça fige fige si loin Si rien Plus rien Plus rien à entendre Que du flou dissiper Tout ce fiel ajouté Superposé Identité T'es où
Où tu finis où je subis
Où est ma main qui commence loin des coups crocs sourds
J'irai pas cracher sur ta tombe Perçue trop loin dans ta brume moite Perdue trop loin dans tes reliefs
Ceux que tu as fait creuser dans les plis de ma peau
À marquer ton empreinte si moite de partout à influence Brouillard Miroir
Brume tiède En carapace J'ai plus vu ma boussole Derrière le mur si gris Épais Intenses Trop dense
Trop rance Écrasé desséché enivré A plus rien pour parler
Ça fait comme un sillon dans les nuages opaques tellement rapprochés qu'on peut pas aspirer
Et ça fait tellement mal ce creux dans les poumons Moisson plus profondes
De l'eau qui déborde à pas savoir que faire Arrimer dans le sel Pourquoi faire exister Pourquoi faire murmurer Quand on se sent tout seul
Un écran de brume noire Je sais pas où aller Ai perdu mon chemin Rien de tout ça n'a plus d'errance
Brouillard Trop tard A loupé tous les coches Tous les trains de la gare Tous les rails muets
Tellement de silence À te faire crever J'y trouverai des arbres Cela me suffira Brouillard Blizzard
Comme un vent immobile qui assourdit ta voix En échos plus audibles Ça chante bien trop fort dans le cercle aux sorcières pour pouvoir me souvenir de tes mots inconnus Que t'as pas voulu dire Et c'est peut-être mieux
Sujet: Re: Quand on parle on s'écoute Mer 27 Déc 2023 - 19:13
S'est
Feat Sol 28/03/2023
S'est souvenu de quoi, qui a bien pu percer à jour la cervelle épanche Dispersion encéphale un peu dans les rigoles au dessus de la pluie Pour ne rien ramasser
S'est fait faire tant d'histoires sinistrées dans la chair S'est fait un arsenal amiral a mirage hors naufrage
Qui sait suppose propose essaie Essai effet de ruine Qui s'est au delà du monde qui s'efface en tournant
Elle s'est faite un corps frêle pour passer les frontières tellement faibles et friables que personne ne connaît ses limites Pour ne pas les franchir Pour ne pas les ternir Peut-être les maudire
S'est souvenue trop tôt de ce qui se tramait là bien en dessous de la peau ce qui grouille et traverse découpe toute la chair en minuscules lambeaux Ça fait comme un vitrail
S'est S'est fait suivre S'est Fa ré Si élevée Partie dans les sommets Sur les flancs de montagnes
S'est sabotée cylindrée cyclone Siphonnée Simagrées
Comme elle n'a plus voulu être S'est qui n'en veut plus S'est qui a perdu la plume
S'est sans apostrophe affamée affligée plus jamais en contact Tellement de monde dans les soutes à craquer pleine de cerveau de chair molle d'épiderme creux et de silence
Tellement de silence que ça fait résonner dans son vide épandu
Est
Est qui se trouve si seul avec autant de place autour
Est au creux du gouffre
Est qui n'a plus personne
Plus rattaché à l'amour
N'avait plus rien à faire
N'y bien à y faire
Est ce cela qui fait un si grand froid?
Plus de visage dessus Plus de regard à suivre
Est
Ériger des cloisons ça fait des murailles grises Abattre tout se briques Y cracher des pavés
Est Est mais ça fait rien Plus rien Aimer au chemin
Aimer pour faire du sens Y trouver du chagrin Qui pleut dans ces rigoles tout la haut aux sommets
Est Sans plus personne derrière Cela fait bien aussi
Plus de pronom pour lui, pour l'auxiliaire impie Plus de bâillon terrible Rien plus rien que des phrases qui n'ont jamais de points
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S’est fait attraper, la couronne aux épines Piqué à ses brins trop fins et ses branches nouées Comme le coeur d’un arbre trop longtemps oublié Qu’on a trop fait souffrir
S’est brûlé les ailes à voler trop haut, corps nu épanché dans l’obscur Perdu, les trous percés dans la toile Comme un feu soufflé, sifflé, souffrant sans amour
S’est mordu les lèvres à en perdre ses crocs Ils perçaient sa façade et la rendaient hideuse Ses mains maigres couvraient sa pâleur et sa bouche déformée
S’est fabriqué un coeur Ses doigts tortueux grattant l’écorce et les mécanismes huilés et gras, glissant de son emprise et se perdant sur le parquet trop sale
S’est couvert les yeux, il avait vu trop de choses qu’il ne pouvait plus dire Il avait caché cette petite clé sous sa langue, goût de fer, de rouille Orange brûlant qui cogne aux dents
S’est arraché les plumes, à les piquer une par une Douceâtre au toucher, noire de suie de ce qu’il ne pouvait plus protéger
S’est fondu Tout au fond Par peur peut-être De ce qu’il pouvait faire De cette colère terrible De cette mort qu’il désirait De ces spectres qu’il voyait A se vomir lui-même Et tous ses masques
A se perdre Dans son déclin Gardien immense, aux bras trop larges, qui embrasserait jusqu’au soleil Et ta peau aussi Jusqu’à Cramer sa façade
MAIS S’est déformé Bouche hideuse Corps Qui s’étire Dans le noir Qui se perd dans les arbres Chapeau usé Nuque aux serpents Ornés larges et épais, racines nouées comme des doigts entrelacés Et cette bouche Oh ces lèvres Craquèlent Et ces dents crayeuses
Dernière édition par Pan le Ven 29 Déc 2023 - 15:32, édité 1 fois
Pan
Messages : 25 Date d'inscription : 25/12/2023
Sujet: Re: Quand on parle on s'écoute Mer 27 Déc 2023 - 19:16
Lame
Feat Sol 29/03/2023
Il attrape le couteau Le fait sauter Il tend le manche, examine l’acier Son pouce se presse contre la tranche fine Son dos constellé de tâches rouillées
Elle essaye de faire comprendre La valeur qu’elle accordait A cet objet
Sa bouche s’ouvre, ses doigts se tordent Triturent Les bords de son t-shirt Ce grand paysage Elle frotte la plante Son pied contre le parquet Retiré
Ses yeux enfoncés Comme deux éclats Observent Silhouette échancrée A la lumière de l’âtre, continue de passer Son doigt Contre le manche En bois
Elle veut parler, elle s’en persuade C’est elle qui l’a brisée A trop forcer A trop creuser A trop fouiner
Elle aimerait s’excuser
ça tambourine à ses oreilles
Il a levé les yeux vers elle
Petite tâche textile Il l’essuie, la graisse Sur son visage Passe sa langue contre son doigt, ses empreintes
Elle a peur
Elle sait qu’il est en colère
Il est en colère
Il ne montre rien, mais il est en colère
Elle ferme les yeux, engloutit l’instant, y repense, y resonge Lame à la main, à chasser la rivière A creuser dans les trous, bien profonds Noirs obscurs et peuplés
C’est là où ils se cachent Les petits corps aux yeux immenses et pourtant, Si grands dans leur univers Qu’elle contemple Elle sait qu’elle le voit
Et elle enfonce l’éclat, le froid de l’acier Entre les plantes, dans la roche poreuse qui absorbe qui respire Souffle retenu brûle La poitrine
Elle sait qu’elle l’a trouvé Elle ne veut pas le laisser s’enfuir Elle ne veut décevoir personne
Alors le métal s’enfonce encore Et encore Dans ce coeur gris Et dur
ça résiste Elle use de ses forces, ses yeux aveugles dans l’obscurité et les remous Elle bat des pieds, s’emmêle Ses fils rentrent, jusque sous ses paupières Et ça vrombit autour d’elle Bourdonne Vibre
Sable frotte contre Sa peau Epiderme rude Rascasses Spectres des eaux Au dos osseux
ça résiste Mais elle le veut
Elle Le Veut
Quelque chose cède Mais ce n’est pas… ça. Ce n’est pas ça.
C’est la lame Qui s’est brisée
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Souffler des épaisses rames noire, à faire péter les plombs cachés dans les poumons
Émailler amiral dans ses lames de fond, à faire brasser courants, le sel et ses reliefs, ses cristaux dilués n'ont plus rien à trancher dépecer assiéger
Les animaux en bas n'ont pas perdu de temps creuser au pied du sable des bâtisses si grosses à pas pouvoir les peindre
Les Scaphandriers qui ternissent aux fin fond n'ont personne à pleurer
Ils y feront le siège
Pour prendre des murailles si molles que personne jamais ne viendrait les défendre et défendre avec quoi?
Les Barils sont vides on se perd dans le fond des tonneaux sans les arches
Les arches qui nous coupent et roulent dans leurs sillages
On fera bien fondre et construire des ancres de grandes funérailles
Tisser des linceuls gris en côtes flottantes de mailles
Les enfiler aux baleines, parures de cachalots protéger leurs évents à créer des parterres
Des Roseraies tranquilles qui sentiraient le fer
Se dilueraient partout
Faire des coffres fort et de tous leurs joyaux des lances et des rapières des haumes pour s'en aller contre les courants froids à faire vibrer les âmes
Et partir à guerre leurs silhouettes sur le sable en voilages un peu ternes
Effacer les couleurs couper tout au rasoir comme n'a pas pu crever au fond de l'océan, s'est fait un couturier redessiner la chair
Tous ces corps au dessous
Bien cachés des rivages
Des nefs immobiles
Laissées au fond des eaux
Comme si les éléphants étaient les seuls titans à garder leurs cimetières
Des criques de partout, capitales mauvaises, que des ombres épanouies dans les Landes désertes
Un sable tellement gros qu'on l'avait pris pour un immense spectre