Parade══════⊹⊱❖⊰⊹══════
Au début des premiers temps, le peuple des Fey régnait en maître sur le ciel. Seules êtres existants, elles engendrèrent un cristal qui contenait leurs âmes et leur puissance.
Incapable de fouler la terre couverte d’une brume épaisse et inpénétrable, elles usèrent du cristal comme intermédiaire pour créer les formes de chaque créatures vivantes. La brume, fluide et obscure modela leurs corps tandis que le cristal, soleil de ce monde, leur conféra une âme.
Les Fey s’éteignirent progressivement, ayant donné toutes leurs forces à la création de ces vies dont elles étaient si fières et si envieuses, laissant derrière elles une progéniture aux multiples formes. C’était sans savoir qu’elles avaient engendré des créatures bien avides et arrogantes.
Deux peuples se démarquèrent. Les Éthériens, êtres immatériels et célestes veillaient sur le cristal et les Erèbes qui peuplaient la brume. Chacun était mécontent de son destin qu’il trouvait injuste et les conflits éclatèrent.
Les Erèbes, maudits de chair, rendus mortels par la Terre qu’ils foulaient étaient condamnés à vivre dans l’ombre et rêvaient de retrouver la Lumière - mais les Éthériens ne les reconnurent pas comme des frères et virent en eux des monstres, des êtres impurs.
Le premier conflit opposant les enfants des Fey éclata, elle fut appelée la Guerre du clair-obscur. Commença avec elle un âge de chaos où l’équilibre entre le cristal et la Brume fut rompu, engendrant nombre de créatures aux formes instables.
Le cristal fut brisé, une pluie de cristaux d’une infinie puissance se répandit sur terre. Les Éthériens ne donnèrent plus signe de vie, mais jurèrent de se venger des mortels dans une sombre prophétie encore rapportée :
Il fut rapporté qu'au terme de la lutte, quand la flèche de Rehlinn et les serres de Nerÿde déchirèrent la peau du tyran
Marsyas qui régnait sur la brume et la faisait transpirer sur les terres
Souffla avant que ses yeux ne reflètent plus rien que le gris de son ciel
"Alors ainsi vous avez dispersé les brumes nouvelles
Craignez mon royaume
Où plus rien ne germe
Où plus rien ne peut croître
Et plus rien ne peut vivre
Fuyez, vous qui chérissez vos collines écoeurantes
C'est moi que l'on chantera dans mille année encore
Craignez que ma brume ne s'étende et dévore vos vallées
Mon ombre reviendra et reviendra plus grande engloutir vos âmes
Se lèvera l'enfant caché aux yeux de tous
Pour brûler vos villages
Je reviendrai alors
Mon corps plus grand encore
Jouissez de vos victoires qui ne sont que passagères
Célébrez ce matin ma mort, assis sur mon cadavre
Buvez tout votre saoul
Car quand vous aurez oublié mon règne juste assez fort pour dormir paisibles
Je planerai sur vous comme un aigle vengeur”
Des siècles passèrent, presque tout le monde oublia la prophétie.
Les peuples terriens grandirent et battirent villages et cités, un vent de liberté soufflait sur les territoires sauvages et inoccupés, théâtres de nombreuses batailles mais aussi d’abondance. La terre d’Erèbe et les créatures qui y vivent gardent encore les traces de leurs guerres. De grandes plaies béantes, des forêts maudites, des plaines brûlées, des canyons où sont enfermées les âmes hantées de nos défunts, autant de traces laissées et qui en font des territoires dangereux.
D’autant plus menaçants qu’au sein de la brume si épaisse, si profonde était née des bêtes mystérieuses prêtes à tuer ceux qui pénètrent sur leur territoire. La rumeur souffle qu’une Parade mystérieuse emporterait avec elle toute créature osant s’approcher d’un peu trop prêt.
Car un soir non loin de la cité des Fos une étrange silhouette dansa dans la brume. Ses pas désaccordés battaient la mesure de son souffle contre la bouche de son Aulos. Sa silhouette dansante maladroitement dans les ténèbres en effraya plus d’un et cette vision passa de lèvres en lèvres. Un murmure, une rumeur. Le chant des spectres accompagnait son passage, un défilé malsain de silhouettes masquées aux corps distordus par la mort. Les chevaux blêmes menaient le cortège des faces pâles masquées, aux ailes, sabots, plûmes, écailles. Les ombres pressées invitent à la danse et certains crurent percevoir les visages de leurs défunts. Les faunes aux regards rieurs guidaient de leurs sabots le défilé monstrueux. Leurs voix venaient percer l’air de la nuit, montant dans le ciel d’une ode funeste
“Rejoignez, de vos pas dansez, voici venir, venir, la parade des mirages”
La nouvelle fut répandue comme une traînée de poudre. Partout, partout, on soufflait le retour de Marsyas l’écorché. Le Tyran qui comme tant d’autres avant lui avait attenté à la vie des plus grands meneurs de la terre des 4. Déchiré par la haine, il serait revenu hanter et emporter les impudents, ceux qui avaient osé se dresser sur sa route. Si d’abord, les dirigeants ne prirent pas ces superstitions au sérieux, le nombre de disparitions ne cessa d’augmenter à chaque passage de la parade.